« Fake World » sonne le coup d’envoi de la saison des expositions 2022 sur Aix-en-Provence. Dans les murs de la Galerie Parallax, nous plongeons jusqu’au 2 Avril dans une distorsion de la réalité, réinterprétée par deux artistes aux regards puissants et perturbants.
Vous êtes-vous déjà demandé si ce que vous regardiez, était vrai ? Véritable sujet et débat philosophique du moment, le monde que nous connaissons aujourd’hui n’est peut-être que le reflet d’une compilation d’images, de sons, de textes. Des données numérisées en bytes, en pixels, digérés et distillés jusqu’au point que notre œil et notre cerveau n’arrivent plus à faire la différence entre une réalité brute et une réalité suggérée !
Jean-Marc Yersin et Sébastien Pageot, artistes photographes, se sont posés cette question et nous offrent dans l’exposition « Fake world » un dialogue singulier, en jeu de miroir sur notre propre perception de la réalité. Et nous sommes bluffés !
La réalité ou la distorsion numérique
D’un côté, des photos (ou pas) dont émanent des aplats de couleurs synthétiques, des formes approximatives, des métropoles virtuelles, toutes captées par des vues satellites et traduites par une intelligence artificielle. Dans cette série, Jean-Marc Yersin s’interroge sur ce monde qui se dédouble, augmenté de sa part virtuelle dans laquelle nous nous projetons :
« Comme dans un miroir, nous nous y sublimons mais tel un vrai miroir, il nous renvoie notre propre image, associée à notre part d’ombre…Par effet de mémoire, il nous amplifie. Plus rien de nous ne se perd, plus rien ne disparaît. En croissance infinie, ce nouveau monde nous duplique dans une illusion d’éternité. Mais par-delà ce miroir, les mécanismes que nous créons en créent d’autres…Les informations que nous livrons en génèrent d’autres…bonnes ou mauvaises, elles s’amplifient. »
Jean-Marc Yersin
La réalité ou la manipulation humaine
D’un autre côté, Sébastien Pageot se joue de notre appréciation du réel et place l’illusion au centre de ses photos tel un objet imperceptible. A travers sa série SEASIDE, l’artiste nous questionne sur l’empreinte de l’homme sur son environnement en y intégrant des maquettes fondues dans le littoral. Le rendu final perturbe, nos repères visuels s’effacent et nous nous demandons : est-ce le premier ou le second plan qui est Fake ? Même question dans la série PALIMPSESTE où notre œil est floué par un accolage d’éléments réels et fictifs projetés dans un paysage industriel.
« Par une simple manipulation de l’objet maquette, l’élément fictif vient se juxtaposer au réel en opérant un collage in situ. La prise de vues consécutive vient remettre à plat une succession d’opérations matérielles et temporelles. La photographie finale condense donc ce feuilletage d’étapes et opère une remise à plat. »
Sébastien Pageot
« Fake World » est une exposition qui dérange à bien des égards car elle remet en cause notre façon de voir le monde et de se l’approprier. Elle nous force à nous interroger à notre échelle sur notre rapport à nous-mêmes ! Ce que je donne à voir au monde, à la société, aux réseaux sociaux, est ce vraiment moi ou une réinterprétation fictive ?
Galerie PARALLAX – Exposition « Fake World » De Jean Marc Yersin et Sébastien Pageot –
Du 5 février au 2 avril 2021